Accident des égoutiers, Poissy 12 Juin 2006

Cet article relate un événement tragique qui a eu lieu le 12 juin 2006, et qui a bouleversé le monde de l'eau et de l'assainissement. Quatre hommes, Michel, Hubert, Tony et Didier, intervenaient sur une opération ordinaire lorsqu'ils ont été exposés à une forte concentration de gaz de type hydrogène sulfuré (H2S), un gaz bien connu des entreprises travaillant à proximité des réseaux d'assainissement . Malheureusement, les trois premiers agents à intervenir ont été foudroyés instantanément, le quatrième décédera des suites de son intoxication. La lecture de cet article est essentielle pour comprendre les dangers auxquels sont confrontés les travailleurs de l'assainissement et de la voirie, ainsi que pour sensibiliser à l'importance de prendre les mesures de sécurité nécessaires lors de ce type d'intervention.

Accident de Poissy

Le 12 juin 2006, un accident tragique a bouleversé le monde de l’eau et l’assainissement : Michel (22 ans), Hubert (44 ans), Tony (28 ans) et Didier (47 ans). Ces hommes intervenaient sur une opération ordinaire qui a démarré vers 9h30, mais rien ne laissait présager le drame qui allait se produire. En effet, lors de leurs interventions, ils ont été exposés à une forte concentration de gaz de type hydrogène sulfuré (H2S), un gaz bien connu des entreprises travaillant à proximité des réseaux d'assainissement. Malheureusement, les trois premiers agents à intervenir ont été foudroyés instantanément, le quatrième décédera des suites de son intoxication

Que s’est -il passé ?

D’après un article du Parisien le 13 Juin 2006

« DRAMATIQUE ACCIDENT hier matin à Poissy (Yvelines). Trois égoutiers, Tony, Michel et Hubert, âgés de 22 à 44 ans, ont trouvé la mort, intoxiqués par les émanations d'un gaz foudroyant. Un quatrième ouvrier, Didier, 47 ans, a été hospitalisé dans un état très grave. Deux enquêtes sont ouvertes, l'une par la police, l'autre par l'inspection du travail. Vers 10 heures, les pompiers reçoivent l'appel d'un employé municipal. Il explique que quatre salariés d’une entreprise d'assainissement et de voirie ont perdu conscience alors qu'ils travaillaient dans une bouche d'égout. Ils ont probablement inhalé de l'hydrogène sulfuré, un gaz hyper-dangereux qui provient de matières en décomposition. Les pompiers et les équipes médicales arrivent en force dans cette petite rue située à l'entrée de Poissy. Au total, 46 secouristes et 3 véhicules du Samu sont mobilisés. La police établit un périmètre de sécurité et les plongeurs des pompiers pénètrent dans la bouche d'égout. Ils dégagent les quatre hommes qui sont inconscients. « Nous avons tenté les manœuvres classiques de réanimation », souligne un médecin du Samu. Malgré leurs efforts, les médecins constatent que trois des ouvriers sont morts. Le quatrième, gravement intoxiqué, est conduit à l'hôpital de Poissy. « Le gaz qu'ils ont respiré est très toxique. Et en plus, comme il y avait un peu d'eau en bas, ils ont pu se noyer après avoir perdu connaissance. » Seuls les résultats de l'autopsie permettront d'acquérir une certitude sur les causes de leur décès. Une opération pourtant ordinaire 7 Les plongeurs des pompiers, lourdement harnachés avec des bouteilles d'oxygène, continuent de sonder cette cuve de décantation, profonde de cinq mètres. Ils cherchent une cinquième personne. Mais, après une heure de fouilles, les sauveteurs sortent harassés et certains que la cuve est vide. Les corps des victimes sont recouverts de plastiques blancs et mis à l'écart des regards. Les enquêteurs de la police judiciaire et de l'inspection du travail arrivent un peu plus tard sur les lieux et recueillent tous les indices leur permettant d'expliquer l'accident. La rupture d'une poche d'hydrogène sulfuré fait partie des risques du métier d'égoutier. Lorsqu'ils pénètrent dans ce cloaque, les ouvriers doivent porter un masque et un détecteur de gaz. Ce matin, ils devaient désensabler cette cuve pour faciliter le passage des eaux usées. Une opération ordinaire, réalisée deux fois par an par cette société qui veille sur le réseau de la ville depuis des dizaines d'années. Au siège de cette société, à Ecquevilly, les salariés, sous le choc, sont regroupés dehors. « C'est terrible, souffle l'un d'eux. Je les connaissais. Il y avait Didier et son fils Tony. » Cet ouvrier ne comprend pas comment un tel drame a pu se produire. « C'était des anciens qui connaissaient bien leur boulot, reprend le jeune homme. Ils avaient leur détecteur et il est inconcevable qu'ils aient pu s'en séparer. » Les enquêteurs ont retrouvé un seul masque dans l'égout. Trois autres masques ainsi que trois détecteurs ont été retrouvés dans le camion. »

La lecture de cet article présente certains points, tels que :

  • Un départ en intervention vers 9h30 et un appel des secours à 10h, ce qui indique que l'accident a eu lieu en début d'intervention.

  • Un nombre énorme de pompiers sur place, ce qui démontre que ce type d'intervention de secours nécessite beaucoup de moyens et ne peut pas être improvisé.

  • Malheureusement, il y avait un manque d'équipement sur les agents.

Sans certitude textuelle, il y a de grandes chances que le suraccident ait été un facteur aggravant lors de cette tragédie. Les trois agents étaient soit de la même famille, soit des amis. Comme nous le disons lors de nos formations CATEC® et espaces confinés, l'envie de porter secours lors d'un accident serait la pire des réactions à avoir. Cependant, les réactions que nous aurons dans ces conditions seront quoi qu'il soit en inconnues car souvent instinctives.

Nous avons évoqué les risques de l'hydrogène sulfuré (H2S) dans un article précédent qui nous rappelle que la possibilité de présence de ce gaz nécessite des actions préventives : ventilation mécanique, détecteur de gaz, protection respiratoire, détection préalable, analyse des risques en environ...

Quelles ont été les suites de cet accident ?

D’après un article du Parisien le 2 juin 2009

« Ce matin, la cour d'appel de Versailles va rouvrir le dossier de l'affaire des quatre égoutiers morts accidentellement en juin 2006 à Poissy. Le 27 février dernier, la justice a rendu, en première instance, une ordonnance de non-lieu dégageant de toute responsabilité l'employeur des quatre hommes, la société Entreprise d'assainissement et de voirie.

Le 12 juin 2006, Didier Burel, 47 ans, son fils Tony, 28 ans, Hubert Fur, 44 ans, et Michel Pinto, 22 ans, effectuent une opération de nettoyage dans un égout de la rue Meissonier à Poissy. Ils doivent pomper de l'eau et du sable dans une cuve de décantation profonde de cinq mètres. Lors de l'intervention, une poche d'hydrogène sulfurant aurait pu être percée accidentellement. Ce gaz extrêmement toxique, provenant de la décomposition de matières organiques, provoque la mort immédiate d'Hubert Fur et de Michel Pinto. Tony Burel, qui intervient de suite, subit le même sort. Didier Burel, lui, meurt quatre jours plus tard.

Établir les responsabilités

Toutes les mesures de sécurité ont-elles été prises pour une opération relativement courante et qui entrait dans le cadre d'un marché public passé entre la ville de Poissy et la société d’assainissement ? Du côté de la famille Burel, la réponse est non.

« Il y a des responsabilités qui n'ont pas été établies. Justice doit être faite », lâche Sullivan Burel, le deuxième fils de la famille, encore employé de cette société.

Leur avocat, M e Jean-Pierre Antoine, compte exploiter les failles de l'instruction. En premier lieu, l'absence, pointée d'ailleurs par l'inspection du travail, d'un plan de prévention « spécifique » avant l'intervention, un document pourtant indispensable. M e Antoine, qui devrait demander un complément d'information, s'étonne aussi qu'un équipement de sécurité obligatoire, un trépied de levage avec palan, n'ait pas été utilisé au-dessus de l'égout alors que Tony Burel, qui tentait de remonter en s'agrippant à l'échelle, a lâché prise avant de tomber et mourir. Du côté de la société d’assainissement, la direction affirme avoir « renforcé les équipes de sécurité » depuis les faits et « tout faire » pour qu'un tel drame ne se reproduise plus.

« Il s'agissait d'hommes très expérimentés et bien formés à l'opération qu'ils devaient effectuer », ajoute-t-on. »

Cet accident aura lourdement touché le monde des travailleurs de l’eau et l’assainissement, il aura modifié la façon d’appréhender les espaces confinés.

Suite à cet accident le catec ® (CATEC ®) certificat d’aptitude à intervenir en espaces confinés à vue le jour, il a pour but de sensibiliser les agents à ce genre d’interventions pour que ce type d’accident n’arrive plus.

Attention au habitudes, à l'idée que les accidents n'arrivent qu'au autres, ou minimiser les risques d'une intervention connue.

Pour toute question ou besoin nous sommes à votre écoute.

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